Selon l’historien antifasciste Nicolas Lebourg, Guillaume Faye (1949-2019) fut « l’une des figures intellectuelles essentielles de l’extrême droite radicale européenne depuis les années 1970 ». Si elle n’est pas strictement erronée, cette définition est toutefois incomplète, car le discours idéologique de Faye fut, dans la durée, double et antagoniste. Si celui des années 2000, alors qu’il était l’intellectuel organique des Identitaires et autres nationaux-sionistes, est bien connu, celui des années 1970-1980 est quasi-oublié.
Or c’est ce « jeune Faye », celui qui était un compagnon de route de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, qui louait dans l’Iran de Khomeyni un allié géopolitique pour l’Europe et un modèle pour un fondamentalisme nationaliste européen, qui prônait « le modèle communautaire » contre « la société marchande », qui participait aux procédures de modernisation du nationalisme et estimait qu’il fallait préserver « l’identité » culturelle et biologique des groupes humains tant européens qu’issus du Tiers-Monde, qui fut, de loin, le plus intéressant et le plus innovant, et le plus digne de rester dans nos mémoires.
Ce Petit lexique du partisan européen, qu’il rédigea avec Robert Steuckers et Pierre Freson, offre une rapide approche de la contre-offensive idéologique qu’il mena alors en tenant compte des changements historiques du vieux-continent. Même si les circonstances géopolitiques ont changé, ce livret théorique reste d’une grande actualité.